M'aimes-tu?

Matthieu 10:37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi.

Jean 21:15 Après qu'ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ces hommes ?

1. La signification de "plus que ceux-ci"

Il existe plusieurs interprétations concernant l'identité de "ceux-ci" dans Jean 21:15. Tout d'abord, grammaticalement, il s'agit du pronom démonstratif THESE en anglais, ce qui signifie que cela peut se référer à des personnes ou à des objets. En gros, il y a trois interprétations principales :

Premièrement, cela pourrait se référer à ces poissons, c'est-à-dire à son métier. Cela signifierait aimer les choses terrestres plus que les choses célestes.
Deuxièmement, cela pourrait se référer aux personnes qui étaient avec Pierre, c'est-à-dire les autres disciples. Cela signifierait aimer Jésus plus que les autres personnes. Troisièmement, cela pourrait signifier que Pierre doit aimer Jésus plus que les autres disciples ne l'aiment, qui est d'ailleurs la traduction Louis Segond.

Bien que les trois interprétations soient toutes plausibles, elles semblent également toutes quelque peu maladroites. Cependant, en analysant ce passage à la lumière des paroles de Jésus dans Matthieu 10:37, la deuxième interprétation semble la plus appropriée. Toutefois, cela soulève la question de savoir si Pierre aimait vraiment ses compagnons au point de donner sa vie pour eux.

Dans Matthieu 10:37, l'amour pour Jésus est comparé à l'amour que nous portons à nos parents et à nos frères et sœurs. Ceux que nous aimons au point de risquer notre vie sont probablement des membres de notre famille. Cela signifie que ce ne sont pas de simples "personnes", mais des personnes très spéciales.

Nous aimons Jésus non pas parce qu'il est un homme extraordinaire, comme les non-chrétiens pourraient le penser, ni parce qu'il est l'un des nombreux dieux bons et tout-puissants que d'autres religions pourraient vénérer. Nous aimons Jésus parce qu'il est le Créateur unique et notre Rédempteur. De plus, il est comme un membre de la famille divine qui a donné sa vie pour nous sauver.

Ainsi, nous pouvons comprendre la question "plus que ceux-ci" comme une interrogation sur notre amour pour Jésus par rapport à toutes ces choses mentionnées ci-dessus. C'est-à-dire, comparé à toutes les créatures précieuses pour nous (poissons [subsistance], famille, anges, idoles*). Nous devons aimer Dieu, l'Être éternel qui nous a créés et nous protège, avant tout ce qui appartient au monde créé, y compris nous-mêmes. Jésus est précisément ce Dieu. En s'incarnant, Jésus nous a révélé la splendeur de la gloire de Dieu et l'image exacte de sa substance. Après sa résurrection et son ascension, il est retourné à sa forme divine originelle. Ainsi, il est à la fois la manifestation visible de Dieu (en chair) et le Dieu invisible (en esprit).

2. Les trois questions de Jésus à Pierre

Cette anecdote, que seul l'apôtre Jean a consignée, relate un événement survenu après la résurrection de Jésus. Il s'agit de la troisième et dernière apparition de Jésus ressuscité à ses disciples. Les disciples étaient alors retournés en Galilée après avoir célébré la Pâque à Jérusalem. Ce retour en Galilée n'était pas seulement un déplacement géographique, mais portait également une signification spirituelle. Jérusalem est une ville de grande importance spirituelle, tandis que la Galilée est la région où les disciples avaient exercé leur métier de pêcheurs.

Ainsi, bien qu'ils soient témoins de la résurrection de Jésus, les disciples doivent retourner à leur métier pour vivre sur cette terre. C'est tout à fait compréhensible.

L'Évangile de Jean conclut en évoquant le lac de Tibériade (mer de Galilée, lac de Génésareth), lieu de travail des disciples et là où ils ont été appelés pour la première fois par Jésus. C'est aussi là que Jésus leur confère la mission de l'Église et leur donne leur mission apostolique.

Les disciples avaient essayé de pêcher toute la nuit sans attraper un seul poisson. À l'aube, le Jésus ressuscité se tenait sur le rivage, mais les disciples ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit de jeter le filet du côté droit du bateau, et ils attrapèrent une grande quantité de poissons. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'apôtre Jean reconnut Jésus en premier.

Auparavant, lorsque Jésus avait marché sur l'eau vers eux sur ce même lac, Pierre avait sauté dans l'eau pour aller à sa rencontre. Cette fois encore, Pierre, en reconnaissant Jésus, prit ses vêtements et sauta dans l'eau pour aller vers lui.

La question posée à Pierre par Jésus survient après que Jésus a préparé le petit-déjeuner pour ses disciples au bord du lac. Il n'est pas mentionné que Jésus ait partagé ce repas avec eux. Le verbe « manger » au verset 15 est à la troisième personne du pluriel, indiquant clairement que seuls les disciples ont mangé.

Dans ce passage, Jésus utilise le verbe [agapao] pour parler de l'amour deux fois, puis change pour le verbe [phileo] lors de la troisième question. En revanche, Pierre répond trois fois avec le verbe [phileo]. Comme je l'ai brièvement mentionné dans ma méditation d'hier, il est crucial de faire preuve de prudence en analysant ce texte à travers les nuances subtiles des mots, car le grec koinè, la langue du Nouveau Testament, tend à utiliser ces termes de manière interchangeable.

En effet, en lisant la Bible, on constate que ces deux verbes sont souvent utilisés de manière interchangeable pour désigner l'amour divin et l'amour fraternel. Cependant, il serait réducteur de considérer cette alternance simplement comme une figure de style visant à éviter la répétition.

Pour bien comprendre le dernier échange terrestre entre Jésus et Pierre, il est important de prendre en compte la signification originelle de ces deux verbes. Le verbe [agapao] fait référence à l'amour divin inconditionnel, fait de grâce et de miséricorde, tandis que le verbe [phileo] décrit l'amour que nous éprouvons pour notre famille ou nos amis proches. Cette distinction permet d'appréhender plus profondément le dialogue entre Jésus et Pierre.

Nous expérimentons l'amour agapé entre les personnes principalement à travers l'amour familial, un amour prêt à donner sa vie. En revanche, dans nos relations avec des êtres divins (y compris les idoles), l'amour philia prédomine, un amour basé sur l'intérêt personnel et la recherche de bénédictions.

Il est vrai qu'il faut s'aimer soi-même pour pouvoir aimer les autres. C'est l'essence de l'amour philia. L'amour agapé, cependant, consiste à recevoir d'abord l'amour de Dieu et à aimer Dieu plus que soi-même. Cet amour est réservé à ceux qui portent les fruits de l'Esprit, c'est-à-dire ceux qui ont accueilli le Saint-Esprit, l'Esprit de Jésus, sur le trône de leur cœur.

Jésus pose donc la question de savoir si nous l'aimons avec un tel amour, c'est-à-dire un amour envers Dieu. Nous devons aimer Dieu avant tout, plus que toute créature, y compris nous-mêmes.

C'est vrai, à ce moment-là, Pierre n'avait pas encore reçu la plénitude du Saint-Esprit à la Pentecôte. Il n'avait pas encore le plein pouvoir de l'amour agapé en lui. Par conséquent, il répondait avec l'amour philia qu'il connaissait bien. C'était une réponse sincère et honnête de sa part à ce stade de sa relation avec Jésus.

Puis Jésus se met à son niveau et lui pose une troisième et dernière question, en changeant le verbe en phileo, et comme il n'a pas encore été baptisé de l'Esprit Saint, il dit que c'est suffisant, et il lui demande d'exprimer son amour pour Jésus en s'occupant du peuple du Seigneur, ce qui est la tâche missionnaire.

La mission peut être accomplie grâce à l'amour pour Jésus qui dépasse l'amour pour les personnes cibles de la mission. C'est l'amour agapé, non pas pour moi-même, mais pour Jésus, et par amour pour ceux que Jésus aime plus que moi-même. C'est l'amour agapé qui doit animer nos actions. Sans l'Esprit Saint en nous, nous ne pouvons rien accomplir dès le départ.

Rappelons-nous l'épisode de Marie et Marthe. Lorsque nous nous occupons des tâches avec agitation et oublions l'essentiel, nous essayons d'accomplir notre mission non pas par la puissance de l'Esprit mais par notre propre force, ce qui ne profite ni à nous-mêmes ni aux autres. Le plus important est d'entrer en Jésus et de recevoir le Saint-Esprit en nous. Alors, le Saint-Esprit nous guidera et nous conduira. C'est ainsi que la mission de l'Église doit être menée. Alléluia, Amen!

Jean 15:13 nous dit : "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis." Cela montre l'amour agapé, qui va au-delà de l'amour philia pour les amis proches.


Note>* Les anges sont des créatures spirituelles de Dieu, alors que les dieux idolâtres sont des créations de l'esprit de l'homme. Bien sûr, Satan, un ange déchu, peut avoir influencé les gens à créer des dieux idoles avec leur esprit, et il peut être entré dans le lieu et avoir été servi par les gens. Tout comme dans un avenir assez proche, l'intelligence artificielle créée par les gens transcendera les capacités intellectuelles humaines et exercera une influence comme un être divin, les dieux idoles, bien qu'ils soient imaginaires, ont eu une grande influence sur la vie des gens jusqu'à aujourd'hui.

Le siècle des Lumières en Occident était censé être un mouvement visant à libérer l'humanité de ces dieux idolâtres, mais il a traité même Jésus, le seul vrai Dieu, comme une idole et a créé une nouvelle idole à sa place : la déification de l'intellect humain (Noûs), la déification de l'homme.