Une étrange ordonnance

Gn 22:1 Après ces choses, Dieu mit Abraham à l'épreuve, et lui dit: Abraham! Et il répondit: Me voici!
2 Dieu dit: Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac; va-t'en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai.


Une étrange ordonnance

À l'origine, ce n'était pas Abraham, mais son père Térah qui avait prévu de quitter Ur des Chaldéens (plus tard dans la région de Babylone) pour émigrer vers Canaan. Cependant, Térah ne parvint pas à atteindre Canaan et s'arrêta à
Charan, où il mourut à l'âge de deux cent cinq ans. (Genèse 11:31)

Désormais, Dieu appelle Abraham, tout comme Il appela Josué après Moïse, pour lui ordonner de quitter Haran, qui appartient toujours à la région de Mésopotamie comme Ur, et de se rendre en Canaan.


Notre parcours en tant que chrétiens est semblable. Nous avons reçu l'ordre de nous diriger vers le Royaume du Christ, mais il n'est pas rare que nous choisissions de nous arrêter en chemin, retournant aux choses de ce monde.

Dieu, cependant, ne renonce pas et, tout comme Il a choisi et appelé Abraham, le fils de Térah, Il continue à nous appeler et à nous exhorter à nous réveiller. Abraham quitta Haran pour entrer en Canaan à l'âge de 75 ans (Genèse 12:5). Cependant, lorsqu'une famine survint, il ne put tenir et se rendit en Égypte, où il fit face à de grandes difficultés. Mais, par la grâce de Dieu, il reçut une bénédiction et fut délivré de l'adversité. Nous voyons ici encore comment Dieu utilise même notre manque de foi pour accomplir le bien, faisant concourir toutes choses pour le bien. Si même Abraham, appelé "père de la foi", eut de telles faiblesses, il est évident que sans la grâce de Dieu, nul ne pourrait être sauvé.


Au chapitre 22, Dieu donne à Abraham l’ordre étrange d’offrir son fils Isaac en holocauste. La Bible décrit cela comme une épreuve de Dieu, mais il ne s’agit pas ici d’une tentation (temptation) qui pourrait mener à la ruine, mais plutôt d’une sorte d’essai visant à démontrer un succès.

Le mot hébreu "nasa" (נָסָה) apparaît 36 fois dans l’Ancien Testament et est généralement utilisé non pas dans le sens de "tenter à mal faire" (entice to do wrong), mais dans celui de "mettre à l’épreuve" ou "démontrer" (prove). En traduisant par le mot anglais moderne "temp," on a du mal à transmettre ce sens d’origine.

Malgré la bienveillance de Dieu, l'ordre de sacrifier son fils en holocauste reste une injonction étrange. Si nous ne comprenons pas la volonté de Dieu dans cette demande, nous risquons de justifier des revendications erronées de certaines sectes qui exigent une dévotion contraire au bon sens et à la conscience. Cela pourrait aussi conduire à l'erreur de voir l'obéissance aveugle comme une vertu.

Est-ce vraiment, comme le soutiennent certains interprètes, une leçon visant à enseigner que nous devons aimer Dieu plus que notre propre enfant ?

Cet ordre mystérieux a donné naissance à d'innombrables interprétations. Peut-être restera-t-il un mystère insondable jusqu'au bout.

Aujourd’hui, examinons le moment où cet ordre fut donné. À cette époque, Abraham venait de renvoyer son fils Ismaël dans le désert, cédant sous l’insistance de sa femme, Sara, qui n'acceptait pas l'enfant de sa servante. Cependant, Dieu promit alors qu’Ismaël survivrait et deviendrait lui aussi l'ancêtre d'une nation. La Bible nous dit qu'Abraham crut en cette promesse divine et, ainsi, laissa partir Ismaël. Sans l’intervention de Dieu, Ismaël aurait en effet péri dans le désert.

Finalement, après avoir mis Ismaël en danger de mort pour protéger Isaac, Abraham reçoit maintenant l’ordre étrange d’offrir en sacrifice ce même Isaac.

Seul Abraham ignorait le plan divin, car Dieu avait déjà préparé un substitut sacrificiel. Ainsi, cet ordre constituait une épreuve destinée uniquement à tester Abraham.

Cette épreuve devient un symbole, à la fois du système sacrificiel que Dieu donnera plus tard à Moïse et de l’expiation accomplie par Jésus-Christ sur la croix. Dans le système sacrificiel de Moïse, celui qui offrait un sacrifice posait ses mains sur la tête de l’animal, symbolisant son union avec ce sacrifice. Ainsi, l'animal mourait pour payer la faute de celui qui aurait dû mourir à cause de son propre péché. De même, la mort de Jésus sur la croix est, en vérité, une mort substitutive à la nôtre.

Abraham, pendant ces trois jours, a certainement cru qu’il allait offrir Isaac en sacrifice. Cependant, la leçon ne réside pas tant dans l’obéissance d'Abraham, mais dans la signification profonde de cette substitution. Il nous faut comprendre de manière intime que cette expiation est un sacrifice qui remplace réellement notre propre vie. Nous devons ressentir profondément que Jésus a pris la mort que nous méritions pour expier nos péchés.

Abraham, en acceptant de sacrifier Isaac, son fils bien-aimé, a traversé une épreuve comparable à la mort en union avec Christ sur la croix. Cette épreuve n’a de sens que parce qu’elle est accompagnée de la grâce de Dieu; autrement, un tel sacrifice n’aurait aucune valeur. Dieu avait déjà prévu de préserver la vie d’Isaac et souhaitait simplement qu’Abraham s’unisse symboliquement au sacrifice de Christ. En préparant le bélier à sacrifier, Dieu transforme cette épreuve en une foi fondée sur la grâce et non en une obéissance aveugle.

Lorsque nous nous abandonnons pleinement au Saint-Esprit, nous devons être convaincus que cela n’a pas pour but de nous mener à la perdition, mais plutôt de nous pardonner tous nos péchés, de nous faire renaître dans une vie nouvelle et de nous donner accès à la vie éternelle.

Notre foi ne consiste pas à nous livrer aveuglément à une puissance spirituelle inconnue, mais à une confiance éclairée. Nous devons nous offrir exclusivement au Saint-Esprit, qui est Dieu trinitaire. Ouvrir notre cœur à d’autres puissances spirituelles serait une grave erreur, car cela constituerait le plus grand des péchés.

Père céleste, donne-nous la sagesse pour discerner Ta vérité et la croire en toute assurance. Amen!