Lorsque l'on est sur le point de pêcher

gerardh a écrit:Le chrétien a t-il quelque "mérite" dans les bonnes actions qu'il opère ? Les catholiques répondront par l'affirmative afin de justifier tant bien que mal le salut par la foi et les œuvres.

Certes, "nous avons été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l'avance afin que nous marchions en elles " (Eph 2, 10). Mais cela est permis par la nouvelle nature (le nouvel homme) qui est dans le chrétien et qui ne peut pas pécher. mais parallèlement le chrétien garde en lui son ancienne nature (le vieil homme), qui est inimitié contre Dieu. Il lui appartient, par l'Esprit, de faire mourir les actions du corps (Romains 8, 13).

Je pense que la question qui est posée au début du fil est avant tout pratique.

La préoccupation de savoir s'il y'a un "mérite" dans les bonnes actions s'est posée dans un contexte où on accordait trop d'importance à la philosophie. On postulait que l'action de Dieu et les efforts humains devaient s'excluent mutuellement.

Selon les circonstances, les écritures me semblent encourager les efforts de l'homme et se référer à l'Esprit pour désigner les mêmes actions. Cela ne signifie pas pour moi que je dois être moins actif pour que Dieu agisse - ni d'être actif pour que Dieu utilise des actions que j'aurai commencé seul de mon côté. Cette dichotomie n'a pas de fondement.

Simplement à notre niveau le plus immédiat, celui de la pratique, nous ne pouvons pas ramener l'Esprit aux limites de notre rationalité que nous utilisons pour agir. Et nous ne pouvons pas agir sans notre rationalité. Il semble donc réaliste de parler de nos efforts avant de voir que Dieu était à l'action. Si Dieu dépasse et précède notre action nous ne pouvons pas le voir à l'avance, ni sur l'instant, et après nous ne verrons que partiellement. Parfois ce sont les autres qui le verront à notre place. De plus cette chronologie dans les évènement n'a pas de sens du point de vu de l'éternité.

Si chacun peut faire l'expérience que les efforts humains séparés de Dieu sont vains, on peut aussi se rendre compte assez facilement que faire mourrir les actions du corps par l'Esprit ne se fait pas tout seul. L'homme doit s'humilier et ne peut pas penser en terme de mérite, mais d'intérêt commun avec Dieu qui dépasse son seul égo dans le projet divin où il y trouve sa véritable place. De même on ne peut pas imposer la seule volonté de Dieu par dissolution de toute volonté personnelle car Jésus s'est abaissé.

Salut Jyncen,
Le contraire de l'ascese, a savoir s'ecouter soit meme, se faire plaisir, est tout aussi efficace pour deconstruire les shemas de pensés repetitifs. En s'ecoutant et en faisant ce qu'on a envie au moment ou on ressent cet envie, sans remettre a plus tard, on deconnecte le mental qui analyse et trouve des escuses pour ne pas faire. S'ecouter permet de casser les codes du mental en quelque sorte, et de sortir de la routine. C'est une chose qui n'est tellement pas naturelle dans nos societés que cela demande une rigeure qui est tout aussi importante que la rigeure que s'inflige les ascetes.

athée a écrit:Le contraire de l'ascese, a savoir s'ecouter soit meme, se faire plaisir, est tout aussi efficace pour deconstruire les shemas de pensés repetitifs. En s'ecoutant et en faisant ce qu'on a envie au moment  ou on ressent cet envie, sans remettre a plus tard, on deconnecte le mental qui analyse et trouve des escuses pour ne pas faire. S'ecouter permet de casser les codes du mental en quelque sorte, et de sortir de la routine. C'est une chose qui n'est tellement pas naturelle dans nos societés que cela demande une rigeure qui est tout aussi importante que la rigeure que s'inflige les ascetes.

Il y'a l'ascèse des doctrines dualistes qui opposent corps et esprit avec pour conséquence la mortification. Et ce dont tu parles qui est aussi une ascèse (= exercice). A partir du moment où cela demande d'aller à l'encontre de ce qui n'est pas naturel, et de casser un fonctionnement.

Dans ce que je dis il n'y a ni negation de soi, ni mort psychologique, ni lutte. Pas d'aspect negatifs en somme. Il n'est pas question de resister jusqu'au sang par exemples, il n'y a pas de difficultés.
C'est en deça de l'effort. La rigeur dont je parle a trait aux petites envies qu'il ne faut surtout pas nier, pas a une difficulté. Trans-former signifier aller au dela de la forme.

Quand la pratique devient une contrainte qui fait souffrir, malgré tout il me semble qu'il y a quelque chose qui ne va pas, soit dans la foi, soit dans la compréhension, soit dans la pratique. J'entends par là que la foi n'est pas une lutte contre soi même sinon on finira toujours pas perdre

athée a écrit:Dans ce que je dis il n'y a ni negation de soi, ni mort psychologique, ni lutte. Pas d'aspect negatifs en somme. Il n'est pas question de resister jusqu'au sang par exemples, il n'y a pas de difficultés.

Je ne suis pas certain que beaucoup soient prêt à en découdre de cette manière aujourd'hui. Par exemple, lorsque j'évoque l'ascèse et la lutte cela concerne surtout le mental (un autre terme pour "chair" qui est bien adapté à notre époque). Le corps n'étant pas séparé du reste, l'immobilité, le silence auront des conséquences positives sur les penséees. Mais s'il s'agit d'agir par privation je pense que c'est déjà trop tard et que cela se retournera tôt ou tard d'une façon où d'une autre contre celui qui se prive.  

Les difficultés peuvent être liées à l'intégration de cette démarche sur le long terme ou à la tendance habituelle et naturelle du mental acquise depuis le plus jeûne age, et qui par moment veut s'attribuer la totalité de la démarche et se l'approprier.

Je sais qu'il y a peu de personnes pretent a en decoudre de cette maniere. Pourtant, lutter, se battre contre satan des demons ou des tentations ... Avoir une ame de guerrier ayant revetu bouclier epee et armure, je ne pense pas qu'il y ai beaucoup de chretien qui aiment vraiment ca au fond d'eux. C' est plus une obligation, une contrainte et un devoir moral. Mais personne n'aime se battre.

C'est pareil avec le mental, je ne pense pas qu'il soit recommender de se battre contre lui et ses memoires, c'est generalement contre productif. Par contre on peut ecouter ces envies et les mettres en mouvement pour se reconnecter a l'esprit duquel elles proviennent, et qui est lumineux.

C'est à dire que l'écoute demande une qualité d'attention et une disponibilité qui ne va pas de soi, qu'on ne retrouve pas dans la plupart de nos activités. Pour les envies, la tendance est plutôt à s'y laisser aller en oubliant le "qui suis-je ?", sans les interroger. Et notamment lorsque c'est une envie jugée licite. Remettre ces habitudes en question est d'une certaine pénibilité, ce n'est pas confortable.

L'acquisition d'une discipline ne se traduit pas forcément par une contrainte morale ou un devoir, mais un entrainement de l'esprit, qui tend plutôt vers la vigilence et la conscience. Paul utilise l'image de l'entraînement des athlètes qui est corporel. Parfois on peut avoir besoin de faire la bagare contre Satan, pour vraiment capituler et aboutir à cette écoute. Mais les obstacles qui empêchent de maintenir la relation à l'esprit peuvent être nombreux et il faut bien les défaire si on poursuit ce but.

Ce n'est plus chercher à taper fort, il faut d'avantage faire appel à la subtilité, mais l'image du combat me semble toujours adapté. Les art martiaux sacrés dans les traditions asiatiques demandent d'abord de s'établir dans ce non-lutter, mais il s'agit bien pourtant de se battre. C'est tout le paradoxe : le combat inconscient qui cogne sans savoir d'où viennent les coups de son ennemis et se fatigue / le combat en conscience qui n'a pas besoin de cogner et peut porter des coups plus violents.

Jyncen a écrit:C'est à dire que l'écoute demande une qualité d'attention et une disponibilité qui ne va pas de soi, qu'on ne retrouve pas dans la plupart de nos activités.'

Ha c'est le probleme de la spiritualité de vouloire faire dans l'exces. On voit ca partout.