Une citation de Hans Küng

Pour rappel Hans Küng était un théologien catholique.
Ce n'est pas la première fois que cette citation apparaît dans ce forum.

"L'histoire le prouve : la connaissance préserve du fanatisme religieux et de l'intolérance. Seuls la foi et le savoir conjugués, le savoir qui croit et la foi qui sait, peuvent de nos jours embrasser le vrai Christ dans son ampleur et dans sa profondeur"

Plus spécifiquement, comment concevoir de manière pragmatique "le savoir qui croit et la foi qui sait" ?

C'est peut-être, tout simplement, une réciprocité indispensable.

J'aime bien l'idée, et je la fais volontiers mienne, même si dans un sens sans doute différent de Küng, et sans doute différent du vôtre puisque vous souscrivez à un protestantisme libéral (qui est l'une des sources théologiques auxquelles je m'abreuve toutefois).

A mon sens, la foi est la porte d'entrée dans la connaissance de Dieu, qui est la vie éternelle (Jean 17,3) : il n'y a donc pas d'antithèse entre foi et connaissance (je préfère ce terme à celui de "savoir"), même si la connaissance de Dieu est avant tout spirituelle, c'est-à-dire existentielle, et pas uniquement propositionnelle. Toutefois, par la foi nous entrons dans un domaine de connaissance, et notamment à travers ce qui nous est donné à connaître de Dieu et du Christ par les Ecritures, qui nous les révèlent, ainsi que tout ce qui concerne l'histoire du "peuple saint", les patriarches et l'Israël ancien surtout dans l'Ancien testament, l'Eglise et le monde surtout dans le Nouveau Testament. La foi possède un contenu, qui est déjà une connaissance.

A l'inverse, la connaissance paraît indispensable pour développer une foi saine et éviter le fanatisme, bien qu'il s'agisse d'un mot fourre-tout qu'il vaudrait la peine de définir, un peu comme le "fondamentalisme" qui sert surtout de nom d'oiseau. Pour connaître ce qui nous est donné à croire, il faut déjà en effet déjà atteindre au sens des textes bibliques, et pour cela pratiquer ou lire le travail d'exégèse, qui exige et représente certaines connaissances supplémentaires. Et pour penser sainement et de manière équilibrée ce qui nous est donné dans la foi, il faut pratiquer ou lire le travail théologique en général, qui exige et représente un ensemble substantiel de connaissances, afin de développer une capacité d'interprétation rationnelle, c'est-à-dire sensée.

De manière pragmatique, il s'agit donc à mon sens de ne pas se limiter à la lecture de l'Ecriture et la fréquentation religieuse en cercle fermé, mais au milieu de notre piété s'instruire sur le sujet de la foi et de tout ce qui s'y rapporte, afin de développer une habitude de réflexion et de pratique qui va de l'expérience au texte, du texte à ce qu'on peut en dire, en sachant aussi sortir de son appartenance religieuse.

Beowulf a écrit: ... De manière pragmatique, il s'agit donc à mon sens de ne pas se limiter à la lecture de l'Ecriture et la fréquentation religieuse en cercle fermé, mais au milieu de notre piété s'instruire sur le sujet de la foi et de tout ce qui s'y rapporte, afin de développer une habitude de réflexion et de pratique qui va de l'expérience au texte, du texte à ce qu'on peut en dire, en sachant aussi sortir de son appartenance religieuse.

Bien joué, rien à ajouter.