Le Pape arrive en Belgique du 26 au 29 septembre 2024. Q'en pensez-vous ?

Bonjour à toutes et à tous,

En Belgique, il y a actuellement environ 50% de personnes qui disent être catholiques (dont 9 % qui vont à l'église au moins 1 fois par mois).

Et il y a environ 1 % de protestants (dont je fais partie).

Que pensez-vous de l'oecuménisme et de l'évangélisation par l'ensemble des chrétiens, toutes tendances confondues: catholiques, orthodoxes et protestants ?

Personnellement, je suis pour l’unité des chrétiens qui persévèrent « dans l’enseignement des apôtres » (Actes 2.42).

Bonjour Zacharie,

Je pense que l'Eglise est une réalité mystique, plutôt qu'institutionnelle, et que l'unité des chrétiens véritables est en Jésus-Christ, par l'Esprit-Saint et par la foi.
Si certaines organisations ou certains mouvements chrétiens, sur la base de cette unité, veulent s'unir pour mener des actions conjointes visant à l'évangélisation et conformes à l'Evangile apostolique tel qu'il est révélé dans l'Ecriture Sainte, j'y suis favorable.
Mais si l'œcuménisme dénote un assemblage disparate de confessions sur la base du plus petit dénominateur commun, et dans une perspective institutionnelle, j'y suis farouchement opposé.
Quand à la visite du pape en Belgique, et surtout de celui-ci, qui méprise l'Occident et que même les catholiques rejettent, ça ne me fait ni chaud ni froid. Je considère que l'église romaine est une contrefaçon du christianisme, et que François n'est pas un ministre de l'Evangile.

- J.B

Merci pour votre commentaire, que j’apprécie beaucoup.

Que Dieu vous bénisse, ainsi que votre fille (si mes souvenirs sont bons).

Merci Zacharie. Oui, ma fille et moi luttons pour notre santé.
Cdt,

- J.B

Le Pape vient d’arriver en Belgique.

Zacharie a écrit:Bonjour à toutes et à tous,

En Belgique, il y a actuellement environ 50% de personnes qui disent être catholiques (dont 9 % qui vont à l'église au moins 1 fois par mois).

Et il y a environ 1 % de protestants (dont je fais partie).

Que pensez-vous de l'oecuménisme et de l'évangélisation par l'ensemble des chrétiens, toutes tendances confondues: catholiques, orthodoxes et protestants ?

La pratique reste faible d'après ces chiffres et dans les 9% il ne s'agit pas de paroissiens engagés étudiant les doctrines avec conviction pour y adhérer personnellement sur tout ce qui est enseigné par le magistère romain. Surtout que la crise des institutions touche aussi les églises traditionnelles.

Dans ce contexte il y'a un peu de tout, au cas par cas. Il y'a des personnes avec qui il y'a matière à échanger, évangéliser, être d'accord sur l'essentiel, vivre des moments authentiques et fraternels. Et dans ces personnes il y a des simples fidèles comme des responsables, des prêtres influents et évêques.
Mais s'il s'agit de mettre en avant des approches et pratiques non-bibliques toute démarche oeucumenique est impossible. Et il n'est pas rare ces temps ci que certains renouent surtout avec ces pratiques là. Les orthodoxes sont souvent moins nombreux et plus préoccupés par leur vie communautaire. J'en ai néanmoins connu qui venaient au culte pour les prédications, pour le style plus direct et biblique.

Concernant le pape, il reste malgré notre avis très défavorable à son égard, un représentant du christianisme qui pour beaucoup de gens engage tous les chrétiens par ce qu'il dit publiquement. Il fut un temps où le patriarche de Rome était un meilleur représentant et garant de l'orthodoxie théologique. Aujourd'hui malgré les revendications apostoliques nous sommes bien loin de la spiritualité des apôtres. Ce problème de se retrouver représenté dans les faits sans le reconnaître ni le vouloir implique néanmoins que nous avons notre mot à dire. Nous sommes concernés pour réaffirmer cette foi en Jésus seul qui a poussé bien des gens à prendre des risques en quittant l'église romaine. Cette rupture est un appel. Au-delà des positions et paroles parfois très justes qui peuvent être affichées, reconnaître le pape implique de voir en lui le Christ en personne et dans l'église romaine le prolongement de l'incarnation. Cela va assez loin. C'est reconnaître l'autorité de Dieu sur terre en une institution et son chef. C'est se donner à des hommes et à une histoire d'hommes. Pour un non-catholique ce n'est pas concevable. Et même pour un catholique cela engendre des contradictions quand tout ne se passe pas comme prévu.

Cher frère Zacharie,

La visite du Pape en Belgique suscite chez moi des sentiments partagés. D'un côté, je reconnais qu’il représente une figure de rassemblement pour de nombreux catholiques et qu’il porte une voix influente sur des questions sociales et éthiques importantes. Cela peut être perçu comme un encouragement à la foi chrétienne dans une société de plus en plus sécularisée.

Cependant, en tant que protestant, je ne peux m’empêcher d’avoir des réserves. Le Pape, selon la doctrine catholique, est considéré comme le successeur de Pierre et le représentant suprême de l’Église sur terre, une idée que je ne partage pas. Cette conception d'une autorité centrale dans l'Église chrétienne me semble contraire à la vision que le Nouveau Testament nous présente du Christ comme étant la seule tête de l’Église (Éphésiens 1:22). Pour moi, le Pape, tout en étant un leader spirituel respecté par des millions, n’incarne pas cette place unique que nous réservons à Jésus-Christ dans la foi protestante.

De plus, la papauté a souvent été associée à une institution qui a exercé un contrôle centralisé sur les croyants et l’interprétation des Écritures, parfois au détriment de la liberté individuelle et de la foi personnelle. L'histoire de la Réforme nous rappelle justement l'importance de revenir à une lecture directe des Écritures et à une relation personnelle avec Dieu, sans intermédiaire humain.

Ainsi, tout en respectant ceux qui voient en cette visite une bénédiction, je crois qu'il est aussi important de rester critique face à ce qu'elle représente en termes de théologie et d'autorité ecclésiastique. C'est une occasion pour nous, protestants, de réaffirmer nos convictions sur la place centrale de la Parole de Dieu et de Christ dans nos vies, sans intermédiaire humain.

Que Dieu te bénisse, cher frère Zacharie, et nous guide tous dans la fidélité à l'Évangile.

Fraternellement,
Jean

Cher frère Zacharie,

Merci pour ta question, qui touche à des sujets importants et délicats : l’œcuménisme et l’évangélisation. Le paysage religieux en Belgique, comme dans d’autres pays d’Europe, montre bien la nécessité de réfléchir à l’unité des chrétiens et à la mission de témoigner ensemble de l’Évangile.

Concernant l'œcuménisme, je pense qu’il est fondamental de reconnaître ce qui nous unit avant de souligner ce qui nous divise. L'essentiel de notre foi chrétienne – la foi en Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur, la centralité des Écritures, et la mission de porter la Bonne Nouvelle au monde – est commun à toutes les confessions chrétiennes, qu’elles soient catholiques, orthodoxes ou protestantes. Cela nous donne un terrain solide pour œuvrer ensemble.

Bien sûr, il reste des différences théologiques importantes, notamment sur les sacrements, l’autorité de l’Église, et la manière d’interpréter certains aspects de la foi. Mais je crois que l’œcuménisme ne signifie pas gommer ces différences ou les ignorer. Au contraire, il s’agit de les aborder avec respect et ouverture, en cherchant à comprendre les points de vue de l’autre, tout en gardant notre propre ancrage doctrinal.

Pour ce qui est de l’évangélisation, je crois qu’une coopération entre chrétiens de différentes confessions peut être un puissant témoignage de l’amour de Dieu. Dans un monde de plus en plus sécularisé, notre unité en Christ peut montrer que l’Évangile transcende les divisions humaines. Toutefois, cette collaboration doit toujours se faire dans la vérité et sans compromis sur ce qui est central dans notre foi.

Ainsi, l’œcuménisme et l’évangélisation, loin d’être des objectifs contradictoires, peuvent se renforcer mutuellement si nous faisons de Christ et de l’Évangile le cœur de notre action commune.

Que Dieu te bénisse, cher frère Zacharie, et qu'il nous guide dans ce chemin de fraternité et de témoignage.

Fraternellement,
Jean

Cher frère Jean,

Merci pour tes réponses qui ont retenu mon attention.

Évangéliser ensemble, c’est aussi prier ensemble afin de pouvoir récolter des fruits.

Mais les prières sont-elles possibles et efficaces lorsqu’on n’est pas uni sur le plan de la doctrine et de la communion fraternelle, à tel point qu’on peut prendre la cène ensemble ?

Jésus-Christ et les apôtres ont-ils exhorté les chrétiens à prier pour l’unité ?

Que Dieu te bénisse, cher frère Jean.

Dans l'idéal, oui nous pouvons collaborer dans l'annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, à travers nos différences religieuses ou confessionnelles.
Ceci étant dit, l'église romaine professe-t-elle l'Evangile apostolique, tel qu'il est révélé dans l'Ecriture ? Il me semble que les principes mêmes du salut à travers les œuvres et du purgatoire sont antithétiques à la doctrine des apôtres et à la gratuité de la rédemption offerte en Jésus-Christ, et qu'il n'y a plus de "Bonne Nouvelle" dans la prédication catholique.
A partir d'un tel gouffre entre l'Evangile biblique et la doctrine romaine du salut, je ne vois guère sur quelle base nous pourrions embrasser une proclamation commune de la foi. En général, bien sûr; il y a bien ici ou là tel prêtre ou tel groupe avec des sentiments "évangéliques" plus authentiques.

Les deux trois fois où j'ai pu tester l'évangélisation oeucumenique, il était plutôt clair que la base commune était le salut en Jésus par la grâce avant tout le reste. Il y'avait des personnes zélées qui étaient conscientes de cela et avaient connu un réveil mais ils pensaient que l'église catholique restait la référence en matière de foi chrétienne et qu'il n'y avait pas lieu d'en sortir. Cela donnait une structure et une assise à leur foi. La position officielle était facultative en quelque sorte, il fallait l'honorer mais sans avoir besoin d'y adhérer. La part belle était faite aux reformulations ou simplifications qui revenaient à faire abstraction d'une partie de la doctrine.

Beowulf a écrit:Dans l'idéal, oui nous pouvons collaborer dans l'annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, à travers nos différences religieuses ou confessionnelles.
Ceci étant dit, l'église romaine professe-t-elle l'Evangile apostolique, tel qu'il est révélé dans l'Ecriture ? Il me semble que les principes mêmes du salut à travers les œuvres et du purgatoire sont antithétiques à la doctrine des apôtres et à la gratuité de la rédemption offerte en Jésus-Christ, et qu'il n'y a plus de "Bonne Nouvelle" dans la prédication catholique.
A partir d'un tel gouffre entre l'Evangile biblique et la doctrine romaine du salut, je ne vois guère sur quelle base nous pourrions embrasser une proclamation commune de la foi. En général, bien sûr; il y a bien ici ou là tel prêtre ou tel groupe avec des sentiments "évangéliques" plus authentiques.

Amen.

Jyncen a écrit:Les deux trois fois où j'ai pu tester l'évangélisation oeucumenique, il était plutôt clair que la base commune était le salut en Jésus par la grâce avant tout le reste. Il y'avait des personnes zélées qui étaient conscientes de cela et avaient connu un réveil mais ils pensaient que l'église catholique restait la référence en matière de foi chrétienne et qu'il n'y avait pas lieu d'en sortir. Cela donnait une structure et une assise à leur foi. La position officielle était facultative en quelque sorte, il fallait l'honorer mais sans avoir besoin d'y adhérer. La part belle était faite aux reformulations ou simplifications qui revenaient à faire abstraction d'une partie de la doctrine.

Amen.

C'est un anti pape. C'est une mascarade. Il dit plein de contre-vérités, l'inverse de ce qu'il faudrait dire. C'est une marionnette des comploteurs malveillants qui nous dirigent.

Lorsque j'ai jeté un œil sur la prédication du Pape François, j'ai été frappé par la similitude avec celle d'un pasteur réformateur, à l'exception de la mention de Marie. En tant que pasteur réformateur occupant une position souvent invisible dans l'église protestante, je fais face au mépris ou à l'indifférence de mes collègues pasteurs réformateurs. L'idée d'établir un lien avec l'Église catholique romaine semble encore plus périlleuse, car je crains d'être perçu comme un hérétique.

Cependant, en tant que disciple de Jésus, je me demande si nous pouvons vraiment continuer à nous rejeter mutuellement tout en prétendant posséder la vérité chrétienne. Qu'est-ce que la vérité humaine, sinon une interprétation de la Vérité divine ? Nous devons reconnaître que notre compréhension est limitée et façonnée par nos expériences, nos traditions et nos contextes culturels.

Les vertus que notre Maître nous enseigne, telles que l'amour et le pardon, doivent primer sur nos divisions. Ne devrait-on pas chercher à construire des ponts plutôt qu'à ériger des murs ? Il est essentiel d'embrasser une attitude d'ouverture et de dialogue, car c'est dans l'amour et le respect mutuel que nous pourrons vraiment refléter le caractère du Christ. Si nous voulons être de véritables disciples, nous devons aller au-delà des différences et rechercher l'unité dans l'amour de Dieu.

J'apprécie votre souci de dialogue et d'amour fraternel, auquel je souscris en principe.

Ceci étant dit, puisque vous parlez d'édification mutuelle, je me permets d'évoquer un texte précieux qu'on trouve dans les Ephésiens à ce sujet :

4.11 Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs,
4.12 pour le perfectionnement des saints en vue de l'oeuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ,
4.13 jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ,
4.14 afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction,
4.15 mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ.
Epître aux Ephésiens, Chapitre 4, versets 11-15

Pour ma part je comprends ici l'Eglise dans un sens universel, c'est-à-dire le corps mystique du Christ, plutôt qu'une institution.
Mais si l'édification proposée à travers des ministères spécifiques, dont celui de pasteur, ne peut se faire que dans la charité - l'amour chrétien - c'est toutefois en "professant la vérité" que nous pouvons croître.
L'unité de l'Eglise, que nous possédons déjà en Jésus-Christ, ne peut survivre que dans la vérité.

Et comme vous le soulignez, la "Vérité" est affaire d'interprétation. Mais pas seulement, elle est aussi affaire de révélation : si l'humilité nous engage à reconnaître notre subjectivité dans l'interprétation de la Parole de Dieu, elle ne doit pas occulter le caractère objectivement révélé de la Vérité qui y transparaît.
Or, si la charité doit nous amener au dialogue entre confessions chrétiennes, nous devons aussi nous forger des convictions sur la vérité, fût-ce à travers notre effort d'interprétation, car c'est en cela que consiste notre foi, sur le plan intellectuel :

Que chacun ait en son esprit une pleine conviction. (...) Tout ce qui n'est pas le produit d'une conviction est péché.
Romains 14,5;23

Mais ce que nous avons à recevoir, à confesser et à professer, c'est la "foi transmise aux saints une fois pour toutes" (Jude 1,3).
La fausse doctrine est un danger guettant les églises de manière permanente, et la vigilance recommandée dans le Nouveau Testament aux ministres authentiques de Jésus-Christ devrait à mon avis faire jeu égal avec l'ouverture et la tolérance qui procèdent de la charité.
L'Eglise possède déjà l'unité en Jésus-Christ, au-delà des divisions religieuses et confessionnelles. Et nous avons l'exhortation de l'apôtre qui nous appelle à mener un combat contre les mauvaises œuvres :

5.10 Examinez ce qui est agréable au Seigneur;
5.11 et ne prenez point part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les.
Ephésiens, Chapitre 5, versets 10-11

Il me semble qu'égarer la multitude sur la voie du salut par la grâce proclamée par le Seigneur et par ses apôtres, en asservissant les fidèles à des conditions qui sont allées jusqu'à provoquer la Réforme protestante, rentre dans le cadre de ces œuvres des ténèbres, qu'il nous appartient de dénoncer.

Je vous remercie pour votre réponse profonde et bien argumentée. Vous soulignez avec justesse que l’édification de l’Église, telle qu’elle est exposée dans Éphésiens 4, repose non seulement sur l’amour chrétien mais aussi sur la profession de la vérité, une vérité à la fois révélée et interprétée, et c’est là un point crucial dans la discussion sur l’unité chrétienne.

Votre insistance sur la vigilance contre les dérives doctrinales, en lien avec les versets de Jude et d’Éphésiens, est un rappel nécessaire. Vous avez raison de souligner que l’Église, dans son essence mystique, possède déjà une unité en Christ, une unité que nous sommes appelés à préserver dans la foi authentique, non pas par un compromis doctrinal, mais par une fidélité à "la foi transmise aux saints une fois pour toutes" (Jude 1:3).

Toutefois, je voudrais approfondir la réflexion sur le concept de vérité et de charité dans le cadre de l’unité chrétienne. Vous soulignez, avec raison, que la vérité ne peut être sacrifiée au nom de l’amour, mais n’y a-t-il pas aussi une vérité à découvrir dans la charité elle-même ? Le Christ, qui est la Vérité, s’est révélé à nous non seulement par ses paroles mais aussi par ses actions, par son humilité et son sacrifice. La recherche de l’unité, à mon sens, n’est pas simplement un geste de tolérance, mais une manifestation de la vérité vivante du Christ, qui nous appelle à l’amour réciproque (Jean 13:34-35).

Vous avez évoqué l'importance de la "pleine conviction", en citant Romains 14, ce qui est tout à fait pertinent dans le contexte de notre dialogue. Mais cette pleine conviction, il me semble, ne doit pas nous enfermer dans nos certitudes humaines au point d'empêcher l'ouverture à une compréhension plus large de la Vérité. Si l'apôtre Paul exhorte chacun à avoir une pleine conviction, il reconnaît aussi la diversité des convictions au sein même du corps de Christ. L'unité dans la foi ne signifie pas l’uniformité totale dans chaque détail théologique. Paul lui-même, dans ses épîtres, appelle à la charité entre les croyants, même dans les désaccords (Romains 14:1-3), afin de préserver l'unité de l'Église.

Je reconnais bien sûr le danger que représente la fausse doctrine, et je ne sous-estime pas les différences théologiques entre les confessions chrétiennes. L’histoire de la Réforme nous rappelle l’importance de ne pas diluer les vérités fondamentales de l’Évangile. Toutefois, si nous croyons que le Christ est vraiment la tête du corps qu'est l'Église, nous devons aussi reconnaître que son œuvre dépasse nos interprétations humaines. L'unité n'est pas seulement une réalité future, elle est un appel présent à travailler ensemble, non pas en niant nos différences, mais en cherchant le Christ au-delà d'elles.

Je ne propose donc pas un œcuménisme facile ou naïf, mais une attitude de dialogue qui reflète l’amour du Christ et qui prend au sérieux les convictions de l’autre. Il me semble que la vigilance doctrinale et l’ouverture ne sont pas nécessairement opposées. En fait, elles peuvent se compléter : l’amour peut nous pousser à un examen encore plus rigoureux de la vérité, non pas pour vaincre l'autre, mais pour mieux comprendre ensemble le plan de Dieu.

Je respecte et partage votre souci de préserver l’intégrité de l’Évangile, et je pense que c’est justement dans ce cadre de fidélité que nous devons engager ce dialogue avec ceux qui confessent aussi Jésus-Christ comme Seigneur, sans compromettre la vérité. Comme l’a dit Jésus, "si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres" (Jean 8:31-32).

En espérant que ce dialogue nous rapproche davantage de cette vérité et de cette liberté en Christ, je vous remercie encore pour votre réponse stimulante.

Fraternellement en Christ,
Jean

Je vous en prie. C'est toujours un plaisir de discuter avec des participants constructifs.

Dans l'ensemble, je souscris tout-à-fait à vos propos concernant la nécessité de reconnaître que le fait de la nécessaire interprétation de la vérité révélée doit nous encourager au dialogue. Il me semble que la dialectique de la révélation et de l'interprétation devrait d'ailleurs être aujourd'hui une doctrine cardinale d'un protestantisme digne de ce nom, qui fait une place irréductible à la liberté de conscience. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai pris mes distances avec le protestantisme évangélique actuel, où l'on a souvent tendance, dans le sillage de l'orthodoxie protestante, à confondre la révélation et son interprétation, et à absolutiser les convictions au point d'exclure de l'Eglise tous ceux qui pensent différemment de nous. Je n'articulerais pas la vérité et la charité exactement comme vous le faites, mais je crois que nous sommes largement d'accord et que c'est là l'essentiel, ce qui est d'ailleurs le sens de votre propos si je vous ai bien compris.

Bien à vous,
J.B