Confession d'Augustin

Contemplatio
Meditatio
Augustin a reçu le Saint-Esprit, et cela non pas sur sa tête, mais en son intérieur. Le mot "invoquer" se traduit en latin par "invocare". On pourrait le comprendre comme un appel intérieur, car celui qui reçoit une réponse à sa prière est celui en qui le Saint-Esprit est entré par le sang de Christ.
Augustin interroge le Saint-Esprit qui est entré en lui. Quelle demeure intérieure peut bien exister pour que le Saint-Esprit puisse y entrer? Un Dieu qui ne peut être contenu par les cieux et la terre choisit de résider dans ce fragile être humain, une demeure terrestre.
Augustin engage une réflexion. S'il n'y a pas de Seigneur, rien ne peut exister, donc peut-on considérer que l'existence universelle contient en elle le Seigneur? Si cette logique était correcte, n'y aurait-il pas besoin d'invoquer le Seigneur, qui est déjà en moi, de venir m'aider, de l'invoquer ? Mais les invocations qui sont exaucées sont celles qui s'adressent à l'Esprit Saint, qui est en nous.
Cependant, le Seigneur existe non seulement comme la source de toute existence, mais aussi comme la source de l'inexistence. Ainsi, l'univers existant ne peut contenir le Dieu qui transcende l'existence et l'inexistence. Seules les existences que Dieu a choisi d'habiter peuvent Le contenir en elles-mêmes. C'est la personne créée à l'image de Dieu. Dieu est présent en celui qui reçoit l'aspersion du sang de Jésus et en qui le Saint-Esprit réside. Toutes les créatures, y compris l'homme, existent en Dieu, mais sans contenir Dieu en eux-mêmes, elles ne peuvent accéder à la vie éternelle.
Prière (Oratio) : Que notre vie ne soit pas une existence où nous rencontrons Dieu en tant que Seigneur du jugement, nous conduisant ainsi dans les abîmes de la non-existence. Au contraire, que notre vie soit une rencontre avec Dieu en tant que Seigneur de la miséricorde, nous permettant d'entrer dans la vie éternelle du Royaume de Dieu en tant qu'êtres éternels. Amen.
Lecture (Lectio)
CHAPITRE II.
DIEU EST EN L’HOMME; L’HOMME EST EN DIEU.
2. Et comment invoquerai-je mon Dieu, mon Dieu et Seigneur? car l’invoquer, c’est l’appeler en moi. Et quelle place est en moi, pour qu’en moi vienne mon Dieu? pour que Dieu vienne en moi, Dieu qui a fait le ciel et la terre? Quoi! Seigneur mon Dieu, est-il en moi de quoi vous contenir? Mais le ciel et la terre que vous avez faits, et dans qui vous m’avez fait, vous contiennent-ils?
Or, de ce que sans vous rien ne serait, suit-il que tout ce qui est, vous contienne? Donc, puisque je suis, comment vous demandais-je de venir en moi, qui ne puis être sans que vous soyez en moi? et pourtant je ne suis point aux lieux profonds, et vous y êtes; « car si je descends en enfer je vous y trouve (Ps CXXXVIII,). » Je ne serais donc point, mon Dieu, je ne serais point du tout si vous n’étiez en moi. Que dis-je? je ne serais point si je n’étais en vous, « de qui, par qui et en qui toutes choses sont (Rom. XI, 36.» (363) Il est ainsi, Seigneur, il est ainsi. Où donc vous appelé-je, puisque je suis en vous? D’où viendrez-vous en moi? car où me retirer hors du ciel et de la terre, pour que de là vienne en moi mon Dieu qui a dit: « C’est moi qui « remplis le ciel et la terre (Jérém. XXIII, 24)? »